"Vous gérerez probablement comme ça toute votre vie"

J'ai un médecin et un psy que je conscidère tous deux comme franchement géniaux.

Avec les deux, je me sens à l'aise pour parler, c'est constructif, tout ca.

J'avoue que quand je vois les témoignages d'autres personnes qui galèrent à s'ouvrir (sans mauvais jeu de mot) à leur psy ou ont un regard jugeant de leur médecin, je me dis que j'ai de la chance d'être tombée sur eux. Je sais que si j'ai une coupure qui "tourne mal", je peux aller chez mon médecin sans me faire regarder comme un alien. Je sais que je peux parler de mon AM à mon psy sans retenue.

Personnellement, je ne me bats pas CONTRE mon automutilation, mais POUR aller mieux.

Je me fous éperduement de continuer à me couper. Vraiment.
Avoir des cicatrices en plus sur mes cuisses ne changera vraiment vraiment rien à ma vie, et je ne m'AM pas de manière dangereuse (et ça n'a jamais été le cas en plusieurs années d'AM parfois très régulières, donc peu de chance que ça "empire" d'un coup. Je connais mes limites en la matière)...

Je l'ai ouvertement dit à mon médecin, qui l'a franchement compris et accepté.

Je me coupe BEAUCOUP moins qu'à une période où j'allais franchement mal. Là, je vais bien, j'ai une vie que j'aime, des personnes que j'aime autour de moi, un taf que j'aime.
Je me coupe moins non pas parce que je veux limiter mon AM, mais parce que je vais bien la plupart du temps, donc... Pourquoi je me couperais ?

Je me coupe encore dans les situations de conflit (chose que je gère trèèèès mal), lors de gros coups de stress ou de montées d'angoisse.

Et... Je ne vois pas pourquoi je devrais arrêter.

Après cette discussion, tant mon psy que mon médecin m'ont dit qu'ils me voyaient assez "réfléchie" par rapport à mon AM et assez constructive pour ne pas trouver grand chose à redire à mon choix de ne pas me battre contre l'AM et d'accepter des AM occasionnelles comme un moyen de gérer, comme d'autres accepteraient de se griller occasionnellement une clope en cas de coup de nerf.

J'avoue que je suis à l'aise avec ca. Et que je le poste non pas pour avoir des conseils ou autre, mais pour donner un autre point de vue que celui communément défendu de "il faut arrêter l'AM à tout prix".

L'idée en soi n'est pas mauvaise. Je dirais même qu'elle est logique vu que l'AM est une conséquence. Et donc mieux vaut essayer de régler les problèmes et la conséquences partira d'elle même (ou tout du moins s'atténuera grandement).

Perso, pour le moment, je ne me sens pas d'arrêter l'AM. Tout simplement parce que en effet, je n'ai pas régler mes problèmes et que forcément j'en ai encore besoin, de l'AM.

Maintenant, vouloir arrêter à tout prix et tout de suite, je peux le concevoir. Y'a des gens qui ne supportent absolument pas leurs cicatrices, le regard des gens toussa.

Je suis aussi d'accord avec le fait de ne pas focaliser seulement sur l'arrêt des AM. Le but ultime c'est de se sentir mieux. Donc le bienfait ultime sera de ne pas avoir besoin de ces foutues AM. Mais n'en est pas le but ultime.

C'est pour ça que tant de personnes n'arrivent à délaisser les AM, et de culpabiliser de ça, ne fait que les empirer.

J'ai arrêté d'un coup sec les AM quand j'ai connu mon mari, je ne voulais pas qu'il me voit me blesser. En revanche, j'ai commencé à fumer plus d'une douzaine de joint par jour. Je me levais, me faisait mon café, et pendant qu'il coulait je me roulait un joint en fumant une clope. C'était loin d'être l'idéal... mais c'est ce que je pouvais faire à ce moment là. Ça a l'air con, mais j'ai carrément décidé de me mettre au canna... tout d'un coup.

Puis en travaillant sur moi-même, le besoin est parti et un jour... j'ai décidé que c'était le moment d'arrêté le canna. Ultimement je vais beaucoup mieux, et le bienfait ultime... c'est que je n'ai plus recours aux AM.

On ne fait pas ce qui est mieux... on fait de notre mieux, il y a une grosse différence.

Sooky

Salut,

je trouve en effet que c'est une bonne approche. Se battre contre, c'est toujours une perte d'énergie négative. Alors que se battre pour aller mieux, c'est aller de l'avant, quitte à garder quelques comportements d'AM parce que c'est une façon de gérer ça, moi aussi en situation de conflit ou de stress intense ou de sentiment de vide.

une coupure de plus ou de moins, je me disais qu'est-ce que ça peut bien faire? dans l'état que mes bras sont déjà de toute façon.

là je vais mieux, d'une part parce que je vis moins de stress intense, d'autre part parce que j'arrive plus souvent à accepter les émotions qui m'envahissent.

se battre contre c'est entrer dans un cercle vicieux, je veux ne pas me couper, je lutte pour ne pas le faire, je le fais quand même, et je finis par me trouver minable, faible, lâche, et je crée un conflit avec moi-même, un stress supplémentaire, qui me donne envie de m'AM à nouveau.

Merci Caramel, oui à l'envie d'aller mieux, arrêter de se battre contre soi.

advitam a écrit:

...

se battre contre c'est entrer dans un cercle vicieux, je veux ne pas me couper, je lutte pour ne pas le faire, je le fais quand même, et je finis par me trouver minable, faible, lâche, et je crée un conflit avec moi-même, un stress supplémentaire, qui me donne envie de m'AM à nouveau.

Merci Caramel, oui à l'envie d'aller mieux, arrêter de se battre contre soi.

C'est exactement le cercle vicieux à éviter je crois... La culpabilité est la bouffe préférée du TPL. Si c'est pas des AM que ça déclenche, c'est autre chose.

Vaut mieux faire ce qui nous est possible de faire que de se demander l'impossible. J'ai troqué les AM pour une consommation de cannabis (10-15 joints par jour)... c'était pas l'idéal, mais puisque je ne voulais pas que mon mari voit de marques (on commençait notre relation), c'était ce que je gérais le mieux sans culpabilité.

Ça a duré un an et demi... aujourd'hui plus de canna et plus d'AM.

Je touche du bois (je sais pas si vous avez cette expression en Europe, mais c'est pour dire que j'espère que ça continue).

Sooky

Clairement oui, on connait l'expression ^^.

Clairement aussi, je sais que c'est quand je me mets à culpabiliser que je pars complètement en live.

Il y a des sujets sur lesquels je n'arrive pas à ne pas culpabiliser (par exemple, si j'ai le sentiment - même irrationnel - d'avoir du fait du mal à quelqu'un), et quand je culpabilise, je pars dans des trips complètement irrationnels à la "je dois me faire mal pour effacer mon erreur, pour revenir en arrière".

Clairement pas envie de remplacer l'AM - que je gère sans me mettre en danger - par d'autres conneries. Notemment aucune envie de retourner à ma vieille "amie" l'hyperphagie, à la place de l'AM...